Un étudiant français de l'École Militaire Interarmes et un étudiant belge de l'École Royale Militaire témoignent lors d'une interview de leur expérience au camp d'hiver au Maroc.
Témoignage 1
Pouvez-vous vous présenter et présenter votre scolarité ?
Oui avec plaisir. Je suis le Sous-lieutenant Victor de l’École Militaire Interarmes. Je me suis engagé dans l’armée française en 2019 comme chef de groupe d’infanterie. Durant cette période, j’ai pu m’entrainer sur différents terrains d’exercices comme le CENTAC (Centre d’excellence du combat interarmes) et le CENZUB (Centre d’entrainement aux actions en zone urbaine). En 2021, j’ai été projeté au Mali dans le cadre de l’opération Barkane afin de lutter contre le terrorisme. En 2023, j’ai intégré l’École Militaire Interarmes qui permet à des militaires français de passer un concours interne pour devenir officier. L’école est située aux Académies Militaires de Saint-Cyr Coëtquidan dans la ville de Guer. Plusieurs écoles d’officiers y sont stationnées dont l’École de Saint-Cyr et l’École Militaire des Aspirants de Coëtquidan. Pour notre part, notre formation ne dure qu’un an, suivit d’un an de formation en École d’Application. Pour ma part, je souhaite rejoindre l’infanterie de Marine.
Qu’avez-vous pensé de cet exercice Winter Camp au Maroc ?
Ce stage était une véritable opportunité pour nous. Militairement nous avons pu comparer les techniques de combat de l’armée belge. Le BLO (Basic Light Ops) qu’ils utilisent se rapproche de notre C3T (Concept Commun de Combat Terrestre). Nous avons également pu expérimenter les techniques de survie SERE en milieu désertique. C’est avec plaisir que nous avons pu retravailler dans le désert, une zone familière pour nombreux d’entre nous qui avaient eu l’occasion de partir en opérations extérieures. Humainement, ce fut une aventure très enrichissante. Répartis en binôme dans des sections francophones (l’équivalent de nos groupes en France), nous avons pu travailler à tous les postes : de soldat à chef de section. Dès notre arrivée, nos camarades belges nous ont très bien accueillis en nous faisant découvrir Bruxelles. Nous nous sommes tout de suite sentis intégrés. Les moments de détente ont été l’occasion de nombreux échanges entre nous, ponctués de rires et d’anecdotes.
Comment voyez-vous l’avenir de la coopération entre nos deux pays ?
Il ressort de mes échanges avec mes camarades belges que nous sommes tous convaincus de la nécessité de continuer à développer la coopération entre nos deux pays. L’amitié entre la Belgique et la France est un héritage que l’on garde précieusement. Face à l’instabilité croissante du monde d’aujourd’hui et au retour de la guerre de haute intensité, nos deux pays partagent des enjeux communs. La réalisation du partenariat stratégique CaMo (Capacité Motorisée) vise justement à faciliter l’interopérabilité entre nos deux armées. Les nouveaux matériels types CAESAR, GRIFFON, JAGUAR … commencent justement à être livrés dans les différents régiments. A ce titre, j’ai hâte de retrouver nos camarades belges sur différents terrains d’exercices ou en opérations extérieures. Une compagnie belge manœuvrera justement avec les « Gaulois » du 92ème RI au CENZUB début avril. Cela met en application les désirs d’une Europe de la Défense et d’une coopération internationale.
Aimeriez-vous maintenir ce type d’échange ?
Bien sûr, je pense qu’ils sont fondamentaux. Ils permettent d’approfondir notre connaissance mutuelle mais aussi d’enrichir notre scolarité. J’ai eu de très bon retour d’expérience d’officiers-élèves belges qui étaient partis s’exercer avec leurs camarades français au CEFE. Je pense qu’il faut maintenir ce type d’échange, voire même les développer. On pourrait imaginer un échange international de quelques semaines entre l’École Royale Militaire et l’École Militaire Interarmes.
Témoignage de Sous-lieutenant Victor de l’Ecole Militaire Interarmes
Témoignage 2
Présentez-vous ?
Je suis le Sous-lieutenant Élise PARENT, 21 ans, actuellement étudiante en 4ème année à l'École Royale Militaire en Sciences Sociales et Militaires. Après l'obtention de mon diplôme de Master, je serai déployée au 4ème Bataillon Génie.
Comment jugez-vous l'intégration des étudiants français au sein du peloton belge ?
L’intégration des étudiants français et leur répartition dans les différentes sections ont été rapide et facilité par la langue, nous avons très vite développé des relations amicales.
Avez-vous trouvé intéressante la venue d'étudiants français de l'EMIA ?
Par l'expérience au sein des Armées des élèves de l'EMIA, les candidats officiers belges ont appris davantage sur la culture militaire de nos alliés français et inversement.
Les procédures sont-elles semblables entre la France et la Belgique ?
Les procédés et la terminologie au combat diffèrent un peu entre les deux armées. Les étudiants français ont donc pu découvrir nos méthodes et nous expliquer les leurs. Toutefois, bon nombre de similarités ont facilité leur intégration au sein de notre effectif.
Comment voyez-vous l'avenir de la coopération entre nos deux pays ?
Le partenariat stratégique Capacité Motorisée (CaMo) entrepris par les deux nations pousse celles-ci à coopérer davantage dans une optique d’atteindre l'interopérabilité recherchée. Cet échange s'inscrit donc parfaitement dans une volonté commune de mieux se connaître pour mieux combattre ensemble.
Aimeriez-vous maintenir cet échange et organiser ce même type de manœuvre du côté français ?
L'envoi d'officiers belges en France est fréquent, organiser ce genre d'échange dès l'école est une belle opportunité pour apprendre tôt aux étudiants à collaborer avec des armées étrangères. Je pense donc que cet échange doit être maintenu et que plus de candidats officiers belges doivent être envoyés à l'étranger au sein de pays alliés.
Avez-vous apprécié cette manœuvre dans un nouveau milieu, différent des terrains militaires belges ?
L'environnement désertique dans lequel nous avons eu la chance de travailler au Maroc nous a offert des opportunités d'entraînement inimitables en Belgique. Survie, réaction au contact ... les candidats officiers ont dû s'adapter à un terrain nouveau reflétant ainsi le défi que posent les opérations extérieures.
Témoignage de Sous-lieutenant Élise Parent (160 SSMW) de l’École Royale Militaire