Comme chaque année après la session d’examen de janvier, les élèves de l’École Royale Militaire mettent de côté leur formation académique et participent à un camp d’hiver pendant lequel le pilier militaire de la formation d’officier est mis en avant. Cependant cette année pour mes camarades et moi - élèves en dernière année d’ingénierie civile à l’ERM et élèves en ingénierie industrielle de la Division Spéciale - le camp ne fut pas rythmé par les entraînements à la tactique et au tir, mais plutôt par les visites d’unités où nous serons amenés bientôt, en temps qu’ingénieurs, à travailler.
Il s’agit pour nous d’une occasion exceptionnelle de découvrir les capacités techniques de l’armée belge tant au niveau de la composante terre, air ou même de la marine; et surtout de nous projeter en tant qu’ingénieur dans des fonctions concrètes. Nous avons pu pendant ces visites discuter avec différents profils d’ingénieurs - tant des jeunes lieutenants que des colonels, et même à un lieutenant-général - qui avaient tous en commun d’être passé, comme nous, par les bancs de l’École Royale Militaire. Ce fut une expérience très enrichissante pour les élèves que nous sommes, et qui allons bientôt entrer en unité afin d’y exercer notre première fonction.
Lors de notre premier jour nous nous sommes rendus à DGMR (Direction Générale des Ressources Matérielles) où nous avons reçu un aperçu général de leur fonction au sein de l’armée. Plusieurs officiers se sont succédé afin de nous faire part de leurs expériences et de leur « chemin de carrière » en tant qu’ingénieur au sein de la Défense. Dès ce premier jour, nous nous sommes rendus compte qu’il n’y avait pas de carrière « type » à la Défense. Chaque trajet fut et sera différent, certains privilégiants les jobs techniques, d’autres préférant une carrière « hybride » mêlant successivement places d’ingénieur et places opérationnelles.
Nous avons par la suite eu l’occasion de visiter l’OTAN afin d’y découvrir le MSIAC (Munitions Safety Information Analysis Center). Ici encore, nous nous rendons compte que notre parcours particulier en tant qu’étudiants en ingénierie civile d’une part, et candidats officiers de l’autre nous permet d’avoir un regard différent sur certains domaines, en l’occurrence sur les munitions pendant cette visite.
Le lendemain nous sommes cette fois allé à Melsbroek pour découvrir le nouvel hangar des A400M. Ce jour-là, ce sont surtout les capacités techniques de la force aérienne qui ont été mises à l’honneur, une bonne motivation pour les étudiants qui ont choisi de rejoindre cette composante. Cependant, nous avons fait connaissance avec le CC Infra qui comptait parmi ses officiers de nombreux membres de la composante terre. Effectivement, l’armée belge regorge de place dites « Joint » pour lesquels la composante de l’officier n’a pas d’importance. Ceci élargit donc l’éventail des posts qu’il nous est possible d’occuper plus tard dans notre carrière.
Nous avons ensuite découvert le BPO (Belgian Pipeline Organisation) qui se trouve à Leuven. Nous y avons rencontré un officier polytechnicien qui lors de sa carrière a eu l’occasion de suivre un master supplémentaire, ainsi que des formations qui lui ont permis de se spécialiser dans un domaine spécifique. Nous sommes des élèves en polytechnique, et nos études n’ont pas pour but de faire de nous des spécialistes sur un sujet, mais plutôt de nous donner des connaissances dans une grande variété de domaines techniques afin d’être flexibles peu importe la tâche qui nous est confiée. Il est donc intéressant de savoir que de nombreux officiers ont repris des études ou des formations après leur diplôme à l’ERM, selon les besoins de l’armée et des spécifications de leur fonction.
Les deux jours suivants ont été consacrés à la marine (et une partie SEDEE - le Service d’Enlèvement et de Destruction d’Engins Explosifs). Il s’agit d’une composante très spécifique puisqu’elle a besoin d’ingénieurs capables de vivre et de travailler à bord d’un navire. Il s’agit d’une formation militaire bien spécifique, et les ingénieurs de cette composante rencontrent des défis techniques très différents de ce que l’on a pu observer durant le reste de nos visites. Les fonctions y sont très variées, et les projets futurs qui nous ont été présentés annoncent des défis techniques intéressants.
Pour finir cette première semaine de visite, nous nous sommes rendu à Rocourt où se trouve le CC R&A (le Centre de Compétence matériel Roulant et Armement). Cette unité s’occupe de plusieurs domaines techniques très variés, tant des munitions que de l’armement, ou encore des matériaux de manière générale grâce à la multitude de machines et d’outils disponibles sur place. Nous avons pu dialoguer avec des officiers ayant décidé de se concentrer sur l’aspect technique du métier d’officier ingénieur, un rôle tout aussi important à la Défense.
Cette première semaine nous a ouvert les yeux sur des fonctions dont parfois nous ignorions l’existence, et nous a permis de renforcer nos connaissances sur celles que nous connaissions déjà.
SLt COC Meert Zoé